samedi 23 août 2014

Sarah Bernhardt



Sarah Bernhardt - Nadar -1859 - à 15 ans


France 5 s'intéressera dimanche 24 août à 22 h, dans son émission "Une maison, un artiste", à la maison de vacances de Sarah Bernhardt, à Belle-Ile-en-Mer.


C'est l'occasion de découvrir ou redécouvrir cette célèbre actrice, aussi célèbre à son époque qu'a pu l'être Marylin Monroe dans la seconde moitié du XXè siècle. Une star, un monstre sacré (une expression qu'inventa d'ailleurs Cocteau à son intention).

Née en 1844, Sarah Bernhardt fut comédienne puis créa sa propre compagnie de théâtre. Extrêmement indépendante, elle ne sut jamais se plier aux exigences qu’on lui imposait ! Elle fut adulée autant que détestée et parvint au sommet de la gloire, contre l'avis de ceux qui prédisaient une fin de carrière anticipée à cette jeune femme trop libre, trop impulsive, bousculant jusqu’aux critères de beauté de son époque ! Elle que l’on trouvait alors trop mince, trop frêle, trop frisée, trop pâle !

Actrice, directrice de théâtre, peintre et sculptrice ..... savez-vous qu'elle fut aussi auteure de ses mémoires, qu'elle voulut rédiger elle-même et qui sont considérées comme un classique du genre.

 
Née d'une demie-mondaine et d'un père inconnu, rien de la prédestinait à ce destin hors du commun. Elle fréquenta les plus grands génies et esprits de son époque ; interprêta les plus grands auteurs et exporta la culture française outre-Atlantique où elle remporta un vif succès.

Reine de l'attitude et princesse du geste » selon Edmond Rostand, « voix d'or » d'après Victor Hugo, Sarah Bernhardt marqua le monde du théâtre par ses interprétations, ses tournées tumultueuses, sa magnificence et ses extravagances. (Larousse)

Extrait de Ma Double Vie - Chapitre VI

« Eh bien, nous sommes ici pour cette petite ; il faut pourtant en parler », dit mon parrain.
Je me mis à trembler et me serrai entre « mon petit’dame » (c'est ainsi que j'appelais Mme Guérard depuis mon enfance) et Mlle de Brabender. Chacune me prit la main pour me donner du courage.
« Oui, continua M. Meydieu à travers un gros rire, il paraît que tu veux être religieuse ? — Ah ! bah ! » fit le duc de Morny à ma tante Rosine. Elle fit un « chut ! » rieur. Maman soupira en approchant des laines tout près de ses yeux pour les échantillonner.
« ... Mais il faut être riche pour entrer au couvent, et tu n'as pas le sou ! ... » grommela le notaire du Havre. Je me penchai vers Mlle de Brabender et lui soufflai à l'oreille : « J'ai l'argent que papa m'a laissé. »
Le méchant homme avait entendu. « ... Ton père t'a laissé de l'argent pour te marier ! — Eh bien, j'épouserai le bon Dieu ! »
Et ma voix, cette fois, était résolue ; et je devins rouge. Et pour la seconde fois dans ma vie, je me sentis le désir, la volonté de combattre. Je n'avais plus peur. On m'agaçait trop.
Je lâchai mes deux tendres protectrices, et m'avançai vers le groupe : « Je veux être religieuse ! Je le veux ! Je sais que papa m'a laissé de l'argent pour me marier ; mais je sais aussi que les religieuses épousent le Sauveur. Maman m'a dit que cela lui était égal ; alors, je ne lui fais pas de peine, à maman. On m'aime plus au couvent qu'ici ! »
Alors, mon oncle m'attira vers lui : « Ma chérie, me dit-il, ta foi me semble surtout un besoin d'aimer... -— ...et d'être aimée » murmura tout bas Mme Guérard.
Tout le monde jeta un regard vers maman qui haussa légèrement les épaules. Ce regard me semblait lourd de reproches, et je me sentis mordue au cœur par le remords. Je m'approchai de ma mère et, lui jetant les bras autour du cou : « N'est-ce pas que tu veux bien que je sois religieuse, et que cela ne te fera pas de peine ? »
Maman caressa mes cheveux dont elle était fière : « Si ! cela me fera de la peine ! Car tu sais bien qu'après ta sœur, tu es ce que j'aime le plus au monde. » Elle avait dit cela d'une voix lente et douce. Le bruit d'une petite cascade qui descend claire et chantante de la montagne entraînant des petits graviers, puis peu à peu grossie par la fonte des neiges entraînant des rochers et des arbres, telle me semble avoir été, à ce moment-là, la voix pure et traînante de maman.
Je bondis en arrière, me rejetant au milieu du groupe atterré par cette boutade pleine d'inconscience. J'allais de l'un à l'autre, expliquant le pourquoi de ma résolution. Je donnais des raisons qui n'en étaient pas. J'allais de l'un à l'autre, cherchant un appui.
Enfin le duc de Morny, qui commençait à s'ennuyer, se leva : « Savez-vous ce qu'il faut faire de cette enfant ? ... Il faut la mettre au Conservatoire. » Il me tapota la joue, baisa la main de ma tante et, après avoir salué les hommes, je l'entendis qui disait à maman en se penchant sur sa main : « Vous auriez fait un mauvais diplomate ; mais suivez mon conseil, mettez-la au Conservatoire ». Et il disparut.

Vous pouvez trouver Ma double Vie, les Mémoires de Sarah Bernhardt, aux Editions L@ Liseuse, en version numérique.
http://editions-la-liseuse.fr/Sarah-Bernhardt

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